GROUPONS NOUS
ET DEMAIN....
Défense et Illustration de l'Exercice en groupe
1. Utile
Aujourd'hui, qui peut sérieusement prétendre répondre à toutes les
interrogations de ses clients, en toutes matières? Seul un groupe d'avocats, chacun
exerçant dans un ou plusieurs " domaines du droit ",
est à même de répondre à la demande globale de droit du public.
Consulter son avocat, c'est aussi profiter indirectement de son environnement; dans la
solitude de son cabinet, le généraliste individualiste ne peut interroger personne; il
répond du haut de ses certitudes non-renouvelées et entraine ses clients vers des
solutions dépassées ou routinières.
Etre responsable, c'est prévoir sa défaillance, physique ou professionnelle; les ravages
des maladies cardio-vasculaires, les conséquences d'un état dépressif, la disparition
brutale d'un client quasi-unique, l'emport d'une clientèle par un collaborateur " fidèle ",
sont autant d'événements indolores s'ils sont mutualisés, répartis sur de nombreuses
têtes, car deux malheurs surviennent rarement de concert. Etre responsable c'est aussi
constituer des réserves non imposables, par l'option à l'impôt sur les sociétés,
désormais accessible aux S.C.P.
Conquérir de nouveaux marchés c'est d'abord investir: dans un cabinet secondaire, en France
ou à l'étranger, c'est déménager dans des locaux plus fonctionnels, acquérir des
matériels nouveaux et séduisants, embaucher des collaborateurs, communs mais
spécialisés dans de nouvelles branches du droit, créer des services généraux, utiles
et agréables, se lancer dans la publicité, surprenante mais efficace, mais c'est surtout
atteindre par le regroupement, (au moins pour certains cabinets), la taille critique qui
permettra au droit français de reprendre son rang international.
Etre " de son temps " c'est ainsi renoncer à des
souverainetés dérisoires, généralement d'ordre ménager (comme la couleur d'une
moquette) pour se rendre pleinement maître de son destin d'avocat (par le choix d'une
activité dominante). Appartenir à un " gros
cabinet " c'est lier son destin à des personnalités différentes, parfois
riches et toujours variées, c'est apprendre à connaître d'autres individualités, c'est
découvrir des talents cachés, c'est bénéficier de solidarités insoupçonnées, c'est
aussi se révéler à soi-même dans une aventure collective. Mais si c'est utile, c'est
aussi facile.
2.Facile
Trouver à se " caser " comme associé, ce n'est pas si
compliqué, quelque soit la région où l'on exerce; il y a toujours, pour peu que l'on
ait un début de clientèle, et le minimum vital de chiffre d'affaires, un confrère dont
on découvre, au détour d'une conversation au café du Palais, que lui aussi, meurt de
solitude....
Si l'on commence à deux, ou trois, il vaut mieux se marier avec son semblable; et vivre
l'égalité absolue, parce qu'au même âge, et dans la même région, on a généralement
les mêmes besoins, et la gestion se fait dans les mêmes finalités.
On peut aussi, après avoir entamé un début de carrière, se mettre respectueusement en
SCP avec un Monsieur d'un certain âge, qui vous laissera sa clientèle en partant à la
retraite, et dont on rachètera les parts avec un confrère plus jeune, lui aussi soucieux
de collectif.
S'agissant des groupes plus nombreux, si l'on n'y est pas entré par le rang, dans le
cadre d'un recrutement interne, il faut cependant savoir que les " gros
cabinets " n'hésitent pas à croître par accrétion de cabinets
individuels existants; dès lors que ceux-ci apportent un chiffre d'affaires suffisant, et
peuvent, après une éventuelle toilette des charges, dégager la marge normalisée, ils
sont souvent intéressés par une croissance externe contrôlée ; certaines de ces unions
peuvent même se faire d'abord à perte, pourvu qu'il y ait des espérances de
complémentarité, la clientèle du cabinet suffisant vite à valoriser la compétence du
nouvel entrant.
Contrairement aux idées reçues, on ne perd pas son identité en se groupant. Les groupes
d'avocats sont généralement respectueux des manies de chacun, pourvu qu'elles soient
profitables et que l'argent rentre plus vite qu'il ne sort.
Un grand cabinet est une sorte de " Village Suisse " du droit,
où chaque associé à part entière gère son centre de profit, conserve des relations
privilégiées avec ses clients, qu'il fait cependant bénéficier de la compétence
complémentaire de ses associés; et chacun profite de " l'effet
d'image " de la firme, ou du groupement, que les plus avisés gérent dans
l'intérêt général, comme le reste des services communs.
Comme dans tout groupe humain, il y a parfois des tensions; mais dans notre profession, il
y a tant de relais intermédiaires que nous savons très bien résoudre les conflits " en
famille "; nous connaissons trop bien la justice pour avoir l'imprudence de
l'utiliser; et il y a toujours un ancien Bâtonnier pour concilier des associés fâchés
et les séparer en douceur.
Enfin il n'y a pas d'emprisonnement dans l'exercice en groupe; on peut toujours se
retirer, poliment et avec délicatesse, mais librement.
Que ceux qui ont encore peur des autres m'appellent; j'en ai fait l'expérience: ils ne
sont pas si méchants.